Un nouveau dispositif médical basé sur l’intelligence artificielle actif dans le dépistage du cancer du côlon

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Un nouveau dispositif médical a été déployé dans le but de détecter les irrégularités potentielles lors du dépistage et de la surveillance du cancer du côlon. Le GI Genius est le premier dispositif qui utilise l’intelligence artificielle (IA) basée sur l’apprentissage automatique pour aider les cliniciens à détecter les lésions (comme les polypes ou les tumeurs suspectes) dans le côlon en temps réel lors d’une coloscopie.

En Suisse, le cancer du côlon est la troisième maladie cancéreuse la plus fréquente chez l’homme et la deuxième chez la femme. Les risques de cette maladie augmentent avec l’âge ; la population au-delà de 50 ans est la plus touchée. Le cancer colorectal se développe généralement à partir de polypes ou d’autres excroissances précancéreuses dans le rectum ou le côlon (gros intestin). Dans le cadre d’un plan de dépistage et de surveillance du cancer colorectal, les cliniciens effectuent des coloscopies pour détecter des changements ou des anomalies dans la muqueuse du côlon et du rectum. Une coloscopie consiste à faire passer un endoscope (tube fin et flexible muni d’une caméra à son extrémité) par le rectum et sur toute la longueur du côlon, ce qui permet au clinicien de voir les signes de cancer ou de lésions précancéreuses.

GI Genius, le premier dispositif basé sur l’IA

Le GI Genius est composé d’un matériel et d’un logiciel conçus pour mettre en évidence les parties du côlon où l’appareil détecte une lésion potentielle. Le logiciel utilise des techniques d’algorithme d’intelligence artificielle pour identifier les régions d’intérêt. Pendant une coloscopie, le système GI Genius génère des marqueurs, qui ressemblent à des carrés verts et sont accompagnés d’un son court et de faible volume, et les superpose à la vidéo de la caméra de l’endoscope lorsqu’il identifie une lésion potentielle. Ces signes signalent au clinicien qu’une évaluation plus approfondie peut-être nécessaire, comme une inspection visuelle plus poussée, un prélèvement de tissu, un test ou un retrait, ou encore l’ablation (combustion) de la lésion.

Eclairage d’experts en cancérologie colorectale

Le Dr Boumediene Guendil, médecin-chef du Service de chirurgie générale du Centre Hospitalier du Valais Romand (CHVR) et expert en chirurgie colorectale et en cancérologie colorectale, ainsi que le Dr Robert Benamouzig, chef du service gastro-entérologie à l’hôpital universitaire Avicienne apportent leur éclairage sur cette nouvelle technologie.

Selon le Dr Guendil, l’intelligence artificielle, dans le cadre d’une coloscopie, ne permet pas une avancée significative dans la recherche, car d’autres méthodes plus efficaces et moins chères sont déjà en place. L’idéal serait de procéder à un hémoccult, appelé aussi le test au gaïac, qui a été remplacé depuis 2015 par un test immunologique, plus sensible, et qui détecterait 2 à 2.5 fois plus de cancer et 3 à 4 fois plus de polypes. Il s’agit d’un test permettant de dépister la présence de sang occulte dans les selles. « L’intelligence artificielle, dans ce cadre-là, ne fait pas réellement avancer les choses, car dans tous les cas, nous sommes obligés de faire une biopsie ou de faire un prélèvement pour faire des analyses. L’intelligence artificielle reste limitée car elle ne nous indique pas précisément s’il s’agit d’un cancer, d’un polype, d’une angiodysplasie… Notons également que la mise en place d’une telle méthode est réellement chronophage ».

De plus, le Dr Guendil estime que l’hémoccult pour le dépistage à l’échelle de santé publique accompagnée de la coloscopie dans le cas où le résultat serait positif représente la meilleure des méthodes. Il souligne également que les coloscopes d’aujourd’hui sont de très haute qualité. Il est donc rare de passer à côté d’une lésion. Finalement, tout le défi repose sur le fait d’inciter les patients à se faire dépister avant de déployer des nouvelles technologies.

Le Dr Robert Benamouzig, quant à lui, confie au média Usine Digitale : « C’est une récréation de diagnostics [à propos du GI Genius] à partir d’images brutes sans interprétation. Pour l’instant, c’est juste de la détection : normal ou pas normal ». Il estime qu’il s’agit finalement d’une aide à la standardisation de la qualité qui permet d’augmenter le taux de détection des anomalies. À la suite de différentes analyses, le chef du service gastro-entérologie en déduit que ce nouveau système muni de l’intelligence artificielle ne rate presque aucun polype. Qui plus est, le Dr Benamouzig estime que ce dispositif n’est qu’un début et que ce dernier pourrait atteindre trois niveaux d’intelligence : la détection, la caractérisation de la pathologie et la proposition d’un diagnostic. Il conclue en affirmant : « Demain, ce sont ces bandes d’images qui permettront de décrire l’histoire naturelle des phénomènes ».

Les frais de dépistage pris en charge

Le canton du Valais s’investit dans le dépistage du cancer du côlon en invitant notamment la population âgée entre 50 et 69 ans à se faire dépister. Cette campagne s’étend sur plusieurs années afin de diviser par deux le nombre de décès causés par le cancer du côlon. Il s’agit su troisième cancer le plus fréquent dans le canton. L’objectif vise à une détection précoce dans le but d’obtenir de meilleures chances de guérison.

Il est important de relever que le test de dépistage est pris en charge par l’assurance-maladie de base, hors franchise. Le patient est invité à ne payer que sa quote-part qui s’élève à 10%, soit 4,60 frs.

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