Depuis quelques années déjà, nous observons un phénomène sociétal important : le vieillissement de la population. Face à l’augmentation du nombre de maladies chroniques associées, les personnes âgées consomment toujours plus de médicaments au quotidien. La bonne gestion de la médication devient, par conséquent, un défi majeur de santé publique, en particulier pour les personnes âgées vivant à domicile. Cependant, peu de recherches ont été menées à ce sujet. La Haute École de Santé (HEdS) de la HES-SO Valais-Wallis a décidé d’intervenir dans cette problématique de santé publique en entamant un projet de recherche sur l’optimisation de la gestion des médicaments pour les personnes âgées vivant à domicile.

Une population vieillissante, des médicaments en abondance

Dû au vieillissement de la population, les chercheurs observent une prescription médicamenteuse croissante de plusieurs médicaments simultanément, appelée polymédication, qui risque d’engendrer des effets indésirables voire des situations dangereuses pour les personnes âgées atteintes de maladies chroniques et vivant à domicile. Le professeur Henk Verloo et la professeure assistante Filipa Pereira de la Haute École de Santé de la HES-SO Valais-Wallis, en partenariat avec l’Université de Lausanne, le CHUV et FORS, le centre de compétences suisse en sciences sociales, ont lancé une étude interdisciplinaire dont l’objectif consiste à analyser cette problématique. En effet, il devient de plus en plus difficile de gérer la prise médicamenteuse à domicile. Malgré les recommandations de bonnes pratiques basées sur des évidences, leur mise en œuvre s’avère complexe. Cette étude examine donc comment la gestion de la prise médicamenteuse peut être rendue plus sûre pour ce groupe de personnes.

ME@home, une gestion plus sûre des médicaments

Le projet ME@home résulte d’une étude exploratoire de deux ans visant à établir les pratiques de médication des personnes âgées. Les résultats de cette étude nous indiquent une surconsommation de médicaments qui peut parfois engendrer des problèmes psychosociaux, ainsi que des dysfonctionnements cognitifs et physiques. Ce phénomène sociétal se présente comme un véritable enjeu de santé publique. L’objectif principal de cette nouvelle recherche tend à diminuer significativement les complications liées à la polymédication des personnes âgées et favoriser le maintien à domicile.

Un projet en deux étapes clés

La première étape quantitative vise à analyser des données-patients codées et sécurisées dans le but de définir différents profils de personnes et de découvrir les caractéristiques en lien avec les aggravations de leur état de santé. Cette première étape a été rendue possible grâce à la collaboration avec l’Hôpital du Valais. Pour ce faire, environ 20’000 dossiers électroniques d’hospitalisation de personnes âgées vivant à domicile et souffrant de maladies chroniques sont analysés.

Durant la seconde étape qualitative du projet, des entretiens sont menés, en collaboration avec les Centres Médico-Sociaux, auprès de 30 personnes âgées répondant aux critères de l’étude afin de collecter leurs expériences de gestion des médicaments ainsi que ceux de leurs proches aidants et des professionnels de la santé en charge de leurs dossiers.

Sur la base des résultats, les chercheurs préconiseront des recommandations sur la façon de rendre plus sûre la gestion des médicaments à domicile. Il s’agit d’éviter une gestion sous-optimale pouvant conduire à terme à une hospitalisation, à l’admission dans un établissement pour personnes âgées, voire à un décès prématuré.

À l’heure actuelle, la première étape du projet a été finalisée et plusieurs résultats ont été publiés dans des revues scientifiques internationales. La deuxième étape est en cours de finalisation et les données collectées sont actuellement analysées et en rédaction pour publication.

Un projet avant tout valaisan

ME@home a été conçu pour une durée de 3 ans (2019-2022) et a pour ambition de refléter la réalité de la population valaisanne. Par sa diversité, celle-ci pourrait même représenter la population suisse de manière générale et donc offrir une expansion helvétique au projet. Ce dernier figure dans le Programme National de Recherche « Système de santé » (PNR 74) qui étudie la structure et les usages du système suisse de santé afin d’élucider de manière très concrète les défis issus du traitement des maladies chroniques.

Lorsque ce projet prendra fin, il est prévu de développer une étude interventionnelle auprès de personnes âgées à domicile, leurs proches aidants et les professionnels de la santé, afin d’analyser l’efficacité des recommandations.

Pour en découvrir plus : HES-SO – La médication des personnes âgées, un enjeu de santé publique – Haute école et https://www.hevs.ch/fr/rad-instituts/institut-sante/projets/me@home-20869