L’hôpital à domicile : une révolution pour les soins aigus !

Daniel Lasserson

Lors de la 12e édition de l’event Digital Health Connect, organisé à mi-novembre dernier, à la Clinique romande de réadaptation à Sion, le professeur Daniel Lasserson, directeur clinique pour l’hospitalisation à domicile à l’Oxford University Hospitals, a présenté une vision innovante des soins de santé. Son intervention a mis en lumière les défis actuels des hôpitaux et comment l’hospitalisation à domicile peut offrir une solution viable et bénéfique pour les patients.

Le nombre d’admissions à l’hôpital augmente chaque année, tandis que le nombre de lits aigus diminue, en particulier au Royaume-Uni. Cette situation est principalement due aux coûts élevés des lits hospitaliers. Selon Daniel Lasserson, « un hôpital plein, c’est dangereux pour les patients, et cela augmente le risque de surmenage des équipes ». La capacité des lits dans les hôpitaux est fixe et non extensible, ce qui pose un problème majeur pour la prise en charge des patients âgés, dont les besoins médicaux sont de plus en plus complexes.

C’est dans ce contexte que l’hôpital à domicile a une carte à jouer. Ce concept vise à fournir des diagnostics et des interventions identiques à ceux effectués à l’hôpital, mais dans un environnement plus favorable au patient. « Ce concept n’est pas celui des soins virtuels. Il faut des soins et un soutien physiques sur place », a déclaré le Prof. Lasserson. Et l’hôpital à domicile est plutôt indiqué pour les soins aigus, et moins pour le suivi des maladies chroniques ou de base.

Moins de recours aux EMS
Une étude en Écosse sur 1’500 patients a montré que les patients pris en charge à domicile avaient moins d’états délirants et que six mois plus tard, moins de patients avaient besoin d’aller en établissements médico-sociaux. « Prendre en charge une personne chez elle permet de ralentir son déclin : c’est pourquoi l’hôpital à domicile est efficace en termes de coûts. On économise plus de 2’200 livres par patient par an avec ce système ».

Les innovations technologiques jouent un rôle crucial dans la standardisation des soins à domicile. Les diagnostics doivent être rapides et les services de laboratoires et de radiologie portables sont essentiels. Le cloud permet de partager des images médicales réalisées via des appareils spécifiques et déplaçables, facilitant ainsi les diagnostics à distance. « La formation est importante pour les infirmières et les autres médecins. Cela permet d’aller voir davantage de patients à domicile et de monter en compétences », a insisté Daniel Lasserson.

Des exemples concrets de maintien à domicile
Le professeur d’Oxford a présenté plusieurs cas cliniques pour illustrer l’efficacité de l’hôpital à domicile. Un exemple notable est celui d’une femme de 92 ans, ancienne cantatrice, souffrant de démence, dépression et hypertension. Grâce à des diagnostics rapides et des soins à domicile, elle a pu éviter l’hospitalisation et recevoir un traitement efficace pour une infection urinaire.

Un autre cas est celui d’une patiente de 50 ans atteinte d’un carcinome ovarien avec des métastases. Elle souhaitait rester à la maison pour aider son fils à passer son bac. L’équipe médicale a pu diagnostiquer une obstruction de l’intestin grêle et administrer un traitement par intraveineuse à domicile. Bien que la patiente ait finalement succombé à son cancer, elle a pu passer un maximum de temps chez elle, conformément à ses souhaits.

Des milliers de journées d’hospitalisation économisées
On le voit avec ces exemples : l’hôpital à domicile permet d’économiser des jours d’hospitalisation et donc des coûts. Pour les 3’000 patients traités par l’équipe du professeur Lasserson au Royaume-Uni, 14’000 journées d’hospitalisation ont été économisées, représentant environ 800’000 livres sterling pour un seul hôpital en un an. Le taux de décès pendant le traitement à domicile est également très faible, et l’hôpital à domicile permet aussi de dispenser des soins pendant la dernière année de vie, où 80% des dépenses médicales sont faites.

Pour l’avenir, force est de constater que les technologies aideront à prendre des décisions médicales plus éclairées. « Il faut ainsi des investissements pour que cela se fasse pour le bénéfice des patients », a déclaré le Pr Lasserson. Selon lui, l’hôpital à domicile correspond aux besoins des patients et nécessite une bonne collaboration avec les médecins traitants.

Propos recueillis le 14 novembre lors de Digital Health Connect

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