PREMIÈRE SUISSE, LE 144 VALAISAN LANCE SON E-SMUR !

E-SMUR

Chaque mois, nous partons à la rencontre d’acteurs de l’écosystème de la santé valaisan et mettons en lumière les projets innovations qui font la médecine de demain. Aujourd’hui découvrez le projet-pilote de l’Organisation cantonale valaisanne des secours (OCVS) : le e-SMUR, une solution de télémédecine high-tech, unique en Suisse !

Avant de vous présenter la solution posons le contexte. Lors d’une intervention urgente, préhospitalière, dans le Canton du Valais, la Centrale 144 de l’OCVS engage d’office une ambulance. Selon le degré d’urgence (cas aigu ou nécessitant une prise en charge spécifique), d’autres moyens sanitaires sont déployés sur place, comme le SMUR (Service mobile d’urgence et de réanimation), composé généralement d’un médecin et d’un ambulancier ou un infirmier urgentiste. Ainsi dans environ 15% des engagements d’ambulance, un SMUR est engagé également.  Dans 80% des de ces engagements SMUR, cela est réalisé en 1er échelon, c’est-à-dire simultanément à l’ambulance. Dans 20% des cas, ce sont les ambulanciers dépêchés sur place qui font appel au SMUR.

L’Organisation cantonale valaisanne des secours, qui organise, gère et supervise l’ensemble du dispositif préhospitalier cantonal, est amenée à innover sans cesse pour améliorer en permanence l’efficience du dispositif ainsi que sa robustesse toujours avec le souci de l’intérêt du patient en point de mire. Grâce à un fort esprit entrepreneurial qui anime ses équipes et au soutien du Service de la santé publique du Canton du Valais, l’OCVS a récemment déployé sa solution de télémédecine encore unique en Suisse : le e-SMUR !

Découvrez l’interview réalisée avec Alexandre Briguet, Chef du service opérationnel, et André-Philippe Borgazzi, Chef du service IT de l’Organisation cantonale valaisanne des secours (OCVS) qui ont mis sur pied ce projet-pilote.

Racontez-nous comment vous est venue l’idée de cette solution ?

C’est d’abord un projet-métier qui répond à différents besoins. Premièrement, la topographie particulière du Canton du Valais associée à la désertification médicale ont forcé cette réflexion. Ensuite est venue la question de maintenir cette prestation SMUR alors que nous rencontrons des problèmes de disponibilités de médecins urgentistes. Nous n’avions donc pas d’autre choix que de trouver des solutions innovantes, permettant de garantir le maintien de la qualité dans la prise en charge de patients.

Quelles ont été les collaborations menées tout au long du projet ?

Nous avons travaillé avec des partenaires sur le Canton de Vaud, notamment le Service de la santé publique vaudois. Des groupes de travail se sont montés pour itérer ensemble sur des solutions envisageables jusqu’à la fin 2019.

Puis, malgré une charge de travail plus importante durant la pandémie de Coronavirus – nous avons reçu de nouvelles missions, en plus de celles qui nous incombent à la base, comme la mise en place d’une hotline COVID -, nous avons monté le projet e-SMUR, en parallèle à ces activités.

De qui est constitué le groupe de projet-pilote.

Nous avons monté un groupe de projet avec des partenaires locaux, tels que le centre de secours et d’urgence (CSU) de la ville de Sion et le SMUR de Sion assuré par Air-Glaciers SA. Ensemble, nous avons mis en place l’organisation de la prise en charge et de l’outil. Grâce au soutien du Service de la santé publique valaisan, nous avons pu équiper deux ambulances avec le système de télémédecine choisi pour ce projet-pilote. Ce fut une première en Suisse ! Personne n’utilise encore ce type de matériel.

Sur quel système s’appuie la solution e-SMUR ?

Nous avons choisi un système de monitoring à distance utilisé par l’Armée américaine. Il s’agit d’appareils robustes, de dernière génération et avec une sécurisation optimale de la transmission des données.

Concrètement, le système connecte tous les appareils de monitoring du patient et transmet toutes les données sur un cloud sécurisé du fournisseur de la solution. Avec un login double identifiant, le personnel habilité peut entrer sur une page web et consulter toutes les données en temps réel jusqu’à voir, à terme et en environnement strictement contrôlé, l’image en live du patient…

Comment avez-vous déterminé quels événements répondraient à une intervention de type e-SMUR (médecin à distance) ?

La Centrale 144 utilise des algorithmes qui déterminent et qualifient la gravité potentielle de la situation décrite au téléphone. Nous avons ainsi travaillé sur une certaine catégorie de codes, les « DELTA », qui indiquaient d’engager un médecin. Leur analyse a permis d’identifier ceux pour lesquels le recours à un médecin à distance pour une activité de conseil ou d’orientation diagnostique pouvait s’avérer adéquat et suffisant sans prise de risque pour le patient et donc sans mobiliser le médecin.

Enfin et toujours dans le sens de la sécurité du patient, nous avons fait le choix de laisser au médecin intervenant la possibilité de partir en SMUR « classique » ou utiliser l’« e-SMUR » selon les indications de la centrale 144. L’expertise-métier et l’expérience du médecin d’urgence font clairement partie de l’équation dans ce projet pilote.

Comment évaluez-vous la portée de la solution ?

Dans le cadre de ce projet-pilote, nous avons mis en place un système d’évaluation de la solution de télémédecine et de la prise en charge, au moyen d’un questionnaire accessible aux médecins et aux ambulanciers via une plateforme digitale.

L’objectif est que chaque intervention où un équipage SMUR est engagé soit documentée pour détailler l’apport du SMUR ou de la solution e-SMUR, ainsi que le niveau de gravité de l’atteinte du patient. Régulièrement, un point de situation est fait pour adapter la catégorisation des codes en centrale 144 (SMUR vs e-SMUR).

Quel bilan tirez-vous depuis le lancement du projet (2 mois) ?

Depuis le 14 juillet, où le projet-pilote e-SMUR a démarré dans la zone de Sion, environ 70 interventions ont nécessité la présence d’un médecin avec les ambulances de Sion. Sur ce total, une vingtaine se sont déroulées en « e-SMUR », c’est-à-dire avec un médecin à distance (télémédecine). Par trois fois, nous avons adapté la catégorisation d’un code, soit vers du SMUR « classique » soit vers du e-SMUR.

Quelles sont les plus-values de la solution e-SMUR ?

Son atout majeur est l’augmentation de la disponibilité du médecin physique. Elle favorise ainsi une gestion efficiente de l’exploitation du SMUR. Le médecin est en quelque sorte « libéré » des interventions qui ne nécessitent pas sa présence sur place, au bénéfice d’interventions où sa présence est obligatoire.

La solution facilite la délégation d’actes médicaux aux ambulanciers sur le site d’intervention auprès du patient, qui est une pratique qui a déjà cours naturellement, et qui va en augmentant avec la solution e-SMUR.

Il devient possible pour le médecin urgentiste du SMUR de suivre potentiellement plusieurs interventions simultanément.

Enfin, la solution e-SMUR est moins coûteuse pour le patient, car les frais du chauffeur et du véhicule ne font plus partie de la facture dans ce cadre-là.

Quelle est votre vision pour l’évolution du projet ?

Ce projet-pilote va se dérouler sur une durée de 18 mois. Comme annoncé, un monitorage fin va nous permettre d’envisager sa poursuite ou au contraire d’y mettre un terme en l’absence de plus-value.  Nous sommes plutôt optimistes quant aux suites.

Cet outil est potentiellement un tremplin pour d’autres applications de télémédecine ! Par exemple, la solution offre une possibilité de partage d’écran entre le médecin urgentiste et un spécialiste pour une demande d’avis. C’est une solution qui peut se déployer autant au niveau hospitalier que dans la médecine ambulatoire.

C’est peut-être aussi un moyen de médicaliser les vallées latérales qui ne trouvent plus de médecins de premiers recours.

Bientôt, les médecins des services d’urgences, pourraient recevoir toutes les informations médicales nécessaires pour l’accueil du patient, avant-même son arrivée.

Affaire à suivre !

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