Les loot boxes : du loisir à l’excès

PSV Loot boxes

Lors d’une campagne de sensibilisation lancée cet été, Promotion santé Valais (PSV) tirait la sonnette d’alarme concernant les risques associés aux jeux vidéo. Le Programme de prévention du jeu excessif de l’association mettait notamment en évidence les dessous des loot boxes à l’aide de vidéos de prévention diffusées sur le site tujoues.ch. Nous avons rencontré Romaine Darbellay, responsable de projets au sein de Promotion santé Valais, afin d’obtenir un éclairage sur ces mécanismes menant à l’excès.

Une loot box, c’est quoi ?

Il s’agit d’un coffre à butin aléatoire, gratuit ou payant, qui contient des objets virtuels. Afin de les obtenir, deux possibilités s’offrent au joueur : dépenser ou jouer longtemps. Ces boxes utilisent des mécanismes de fidélisation des joueurs en leur proposant du contenu additionnel régulier.

En plus du divertissement, certains jeux incitent vivement le joueur à dépenser de l’argent. En effet, les concepteurs déploient un mécanisme visant à tracer les données, habitudes et préférences de jeu du joueur, à les traquer en leur présentant des offres qui correspondent parfaitement à leurs besoins au moment opportun, puis, finalement, à passer à la récolte en poussant les jeunes à dépenser plus que ce qu’ils avaient prévu initialement.

Les loot boxes sont souvent associées à des jeux de hasard et d’argent et atteignent de manière inquiétante les mineurs. Raison pour laquelle Promotion santé Valais, avec le soutien du Canton du Valais, a décidé de lancer sa campagne de prévention du jeu excessif et surtout d’informer les parents et les jeunes des dangers sous-jacents à cette problématique. Afin de sensibiliser et prévenir des risques, PSV a déployé une communication à large échelle afin de toucher les personnes susceptibles d’être concernées par la problématique. Leur campagne a été diffusée, dans un premier temps, à travers leurs propres canaux ainsi que ceux de leurs partenaires, mais également au travers de publicités ciblées via Google et sur les réseaux sociaux. L’objectif étant de toucher les endroits où les jeunes et leurs parents sont présents afin de leur faire prendre conscience des risques encourus.

Une perte de contrôle aux lourdes conséquences

Selon Niels Weber, psychologue spécialisé en hyperconnectivité, une aide devient nécessaire dans deux principaux cas de figure :

  1. Lorsque l’achat devient plus grand qu’imaginé, le moment où le budget mensuel est impacté par des dépenses non prévues initialement.
  2. Lorsque l’envie d’acheter entraîne des comportements aux conséquences négatives comme le vol de cartes de crédit ou les mensonges à répétition.

Une aide peut être sollicitée au sein de l’entourage proche notamment quand il s’agit d’enfants ou d’adolescents. Lorsque la situation devient trop complexe, il est nécessaire de faire appel à des spécialistes externes. Une cellule d’aide et contacts a également été mise en place sur le site tujoues.ch. L’objectif est de lever la culpabilité qui repose sur le joueur ou sur le parent qui a la sensation de ne pas avoir géré le problème.

Du loisir à l’addiction

Gabriel Thorens, médecin adjoint agrégé HUG, nous expose le phénomène de dépendance dans les jeux vidéo. Ces derniers sont basés sur des mécanismes de récompenses aléatoires, rapides et répétées libérant de la dopamine. Pour faire simple, lorsque les individus sont confrontés à ces récompenses répétées de libération de dopamine, ils s’exposent au risque de développer une addiction aux jeux vidéo ou aux jeux de hasard et d’argent engendrant, par voie de conséquence, une automatisation du comportement et donc une perte de contrôle. Cette addiction provoque un appauvrissement et une souffrance chez les individus qui vont restreindre leurs activités en laissant place à l’addiction. À titre d’exemple, les activités entre amis et les loisirs se trouvent fortement impactés. Au niveau des études également, les spécialistes observent chez les jeunes souffrant d’addiction aux jeux une baisse notable de concentration.  

À la suite d’un premier bilan, les spécialistes observent que la majorité des jeunes connaissent les loot boxes et ont conscience des dépenses engendrées et des frustrations crées. Ils n’ont, cependant, pas spécialement conscience des risques et des dépendances.

Un réseau actif et attentif

Grâce à la collaboration du Service de la santé publique, du Service de l’enseignement, de Caritas Valais, des contacts intercantonaux, de la HEP, du Centre ICT Valais, du Service de l’action sociale et d’Addiction Valais, la campagne de Promotion santé Valais a pu atteindre, à l’heure actuelle, plus de 115’000 vues tous médias confondus. En parallèle, PSV mène une campagne de prévention au sein des écoles. L’objectif principal demeure toujours le même : conscientiser et sensibiliser les jeunes sur la problématique du jeu excessif.

Dans la continuité des actions déjà entreprises, Promotion santé Valais prévoit de développer une fiche pédagogique sur les loot boxes. Ce projet de fiches, développées pour toutes les secondaires 2 de Romandie, est en lien avec le Centre ICT Valais. Ce projet consiste à inciter les enseignants à aborder la thématique durant leurs cours. L’association entretient donc une collaboration avec les institutions afin d’utiliser les outils de prévention pour intervenir dans les classes. La visibilité du projet s’étend ainsi à toute la Romandie.

Afin d’appuyer les différentes actions, Promotion santé Valais déploiera un stand entièrement dédié à la présentation du jeu excessif et spécialement axé sur les loot boxes lors de la manifestation Your Challenge, prévue en février 2022 à Martigny.

Pour en découvrir plus sur cette problématique et les actions entreprises par le Programme de prévention du jeu excessif, rendez-vous sur Communiqudepresse_vfinale_FR.pdf (promotionsantevalais.ch) ou Tu joues? Le jeu te préoccupe? Le jeu est un problème?

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